Histoire du plateau de Sales
Géographie 
Sales appartient à la commune de Lacabarède. Situé sur le versant nord de la Montagne noire, le hameau de Sales se trouve à 836m d’altitude sur un petit plateau, sur les hauteurs de la commune à environ 10 km. 
 
La particularité de ce plateau est d’être située à la limite de partage des eaux entre le versant nord de la montagne noire (vallée du Thoré) et son versant sud qui domine les plaines du Minervois. 
 
Deux ruisseaux arrosent son territoire : 

- Le Candessoubre qui prend naissance au niveau du col de Salette, coule dans le Tarn sur le versant nord de la Montagne Noire et se jette dans le Thoré 15 km en amont (à l'Est) de Mazamet,,  
- L’Argent-double qui prend naissance sur les pentes du roc de Peyremaux coule vers le sud et se jette dans le fleuve Aude aux environs de La Redorte dans le Minervois. 
 
Végétation  
La forêt de hêtres dominait avec des champs et des prairies autour des hameaux sur les parties les plus plates et les plus humides. A partir de 1960, une partie des champs ont été reboisés avec des résineux (épicéas et douglas) ce qui rend la forêt encore plus prégnante dans le paysage. 

Géologie 
La montagne noire et les monts de Lacaune sont deux massifs de même origine géologique et historique. Seuls le Sidobre et le creusement de la vallée du Thoré ont séparé ces deux entités.  
Les roches métamorphiques qui constituent ces massifs sont des schistes et des gneiss. Les schistes sont feuilletés et peuvent contenir des fossiles de trilobites ou d'échinodermes. Ils sont issus de la métamorphisation de roches sédimentaires et magmatiques très anciennes. Les couches sont parcourues de failles liées aux mouvements anciens.  
Ces roches donnent des terres qui sont restées pauvres, acides et gardant peu l'eau. Couplée à une bonne pluviométrie, c'est une zone de petite à moyenne montagne dévolue à l'élevage grâce aux prairies naturelles et artificielles. Les parties les plus pentues sont restées en forêts, naturelles ou plantées de résineux.  
La pierre a été utilisée comme matériau de construction, que ce soit pour les murs en pierre ou pour la toiture en ardoise ; aujourd'hui, ces carrières sont fermées. Ponctuellement, quelques plutons granitiques affleurent.  

 
 
Habitat
 
De nombreux hameaux ou fermes isolées, environ une vingtaine, entourent le village de Sales.  
- Côté Tarn : Farail, Passot, Lebrat, le Moulin de Rouanet, Fédou, Le Bayle, le Sante, Ravaille, Gindon, L’Espinassote, Dressou, 
 
- Côté Hérault : Salette, Chiffre, Moussou, Saint-Peyre, Tinteynne, Couchon, Limousy, le Prince, le Fournas, la Métairie de Beson, Calvet. 

Population et son évolution 
La moitié des habitants du plateau se trouvaient sur la commune de Lacabarède dans le Tarn, l’autre moitié était divisée entre les communes de Ferrals les montagnes et de Cassagnoles dans l’Hérault. 
 
Morcelés administrativement, les habitants du plateau étaient toutefois réunis en une seule Paroisse « Notre-Dame de la nativité de Sales » et fréquentaient l’église de Sales. 
Les enfants de ce petit plateau fréquentaient aussi l’école située à Sales. Certains faisaient ainsi chaque jour, et par tous les temps, plus de 10km pour aller à l’école. 
 
En 1860, la paroisse comptait entre 450 et 500 habitants.  
Au village de Sales, on comptait 37 familles et 137 habitants.  
A Lebrat, 20 familles et 78 habitants. Au Bayle, 9 familles et 33 habitants. A Farail, 6 familles et 24 habitants. A Ravaille bas, 3 familles et 10 habitants. A Ravaille haut, 3 familles et 16 habitants. A Rouan, 1 famille et 9 habitants. Au Santé, 1 famille et 11 habitants. Au Moulin de Rouanet, 1 famille et 8 habitants. A Fédou, 1 famille et 1 habitant. A Gindon, 1 famille et 9 habitants. A l’Espinassote haut, 1 famille et 4 habitants. A l’Espinassote bas, 1 famille et 8 habitants. Au Cabannes, 2 familles et 8 habitants. 
A cette liste, nous pouvons rajouter Dressou avec 15 familles et 62 habitants, La Jasse avec 1 famille et 5 habitants. 
A noter que ce recensement ne comprend que les lieux et les habitants de la commune de Lacabarède. 
 
Pour être exhaustif, il faudrait rajouter tous les habitants des hameaux appartenant aux communes de Ferrals et Cassagnoles qui eux aussi fréquentaient l’église et l’école de Sales à savoir : Calvet, le Fournas, Le prince, Limousiy, Tinteynne, Couchon, St Peyre, Moussou, Chiffre et Salette. 
 
Ainsi, on peut estimer que la population globale du plateau regroupée autour de la paroisse de la Nativité de Sales et de l’école regroupait environ 800-900 personnes à la fin du 18ème siècle.  
Au début du 18ème siècle, différentes sources laissent à penser que le nombre d’habitants du plateau avoisinait les 1400 habitants.
 

En 1926, le plateau comptait encore 45 familles et 285 habitants.  
 
En 1960, le hameau de Sales abritait seulement 5 familles et 18 habitants. L’école était toujours en service (elle a été fermée en 1962) et une messe était dite tous les dimanches par le curé de la paroisse d’Albine.  
Les années 50-60 ont marqués la fin de l’activité agricole traditionnelle du plateau et ont vu pratiquement la totalité des jeunes partir s’établir soit dans les plaines viticoles du Minervois ou dans le bassin ouvrier de Mazamet et de la Vallée du Thoré.  
Et c’est à la fin des années 1970 qu’une nouvelle population s’est réinstallée sur le plateau. 
 
En 2020, huit familles habitent en permanence à Sales ce qui représente une vingtaine d’habitants à l’année.  
Actuellement sur le plateau, la plupart des hameaux sont aussi habités en permanence. Par contre et il n’y a plus aucun service religieux à l’église sauf pour les enterrements. Les enfants sont obligés d’aller à l’école soit à Lacabarède, soit à Albine, soit à Ferrals les montagnes ce qui représente 10 km par jour pour les familles matin et soir.
 
 
Activité 
Malgré des hivers très rudes, un brouillard épais, une pluviométrie abondante, des sols pauvres, la population était nombreuse. 
Elle vivait d’une activité agricole paysanne vivrière centrée sur l’élevage et de l’exploitation des ressources de la forêt : bois de chauffage, charbon de bois… On notait la présence de moulins sur les cours d’eau, de nombreuses carrières, des fours à verre dont on retrouve des vestiges dans les bois du Fournas. 
Certains paysans s’occupaient pour compléter leur activité agricole du ramassage du lait, d’autres le transformaient en beurre et fromage et livraient dans les épiceries des villages des plaines du minervois et de la vallée du Thoré. 
Sur le pic de Chiffre, on retrouve les vestiges d’anciennes glacières dont la glace entreposée là pendant les mois d’hiver, était acheminée à la belle saison vers les cafés du Carcassonnais. 
Autre particularité : à l’époque la plupart des fermes possédaient des vignes dans le haut minervois et la vinification se faisait en cave particulière sur le plateau. Les paysans étaient ainsi viticulteurs, vignerons et produisaient leur propre vin. La vendange avait lieu le jour, le raisin était remonté à la montagne dans des comportes, la nuit, par des charrettes tirées par des vaches. On trouve encore dans de nombreuses fermes, de vieux foudres en bois qui servaient à la vinification ainsi que des carcasses d’anciens pressoirs 
Ainsi c’est mille métiers, tous centrés sur une économie entièrement paysanne qui occupaient et rythmaient la vie d’une population nombreuse et dense.

Vestige d'un pressoir trouvé a "Tinteyne"
Vestige d'un foudre de vinifiation
Vestige d'un foudre de vinification trouvé à "Sales"
Un peu d’histoire  
Le menhir des Prats à l’entrée ouest de la vallée du Thoré, le dolmen de la Gante à Labastide-Rouairoux dominant la rivière et les menhirs des Deux Sœurs de Lacabarède témoignent de traces humaines dans ce territoire depuis la préhistoire. La montagne Noire a toujours veillé sur la vallée et c’est sur le plateau de Sales que vivaient vraisemblablement les premiers habitants avant de descendre au bord de la rivière. 
 
Le nom de Sales vient de « Sala » signifiant demeure seigneuriale. Ce village très religieux a donné son nom au col de Salette situé à 886 m d’altitude. 
 
Du 14ème au 18ème siècle, le marché de Sales représentait une vraie capitale économique. Il constituait un lieu de rendez-vous où se pratiquait le troc entre les gens de la montagne et des vallées de l’Aude, du Tarn et de l’Hérault. 
 
Du 17ème jusqu’au début du 19ème siècle, le bois de la forêt permit la fabrication du verre. Les fours a verre étaient nombreux des Verreries de Moussans à la forêt de Nore et contribuaient à l’économie de la région. Sur la partie Hérault du plateau, dans les bois du Fournas appartenant à la commune de ferrals, se trouvent les ruines d’un ancien four à verre.  
 
Toujours dans l’hérault, mais sur la commune de Cassagnoles, on trouve la chapelle de Fédou appartenant au domaine du même nom. 
 
A l’extrémité du plateau côté col de Salette, se trouve la fontaine des trois évêques « La fongassière » qui avant la révolution marquait la limite des trois évêchés : Castre, Narbonne et Saint Pons de Thomières. 


Au dessus de Dressou, se trouve la « borne royale » : sur son côté Est, est gravée une mitre et une crosse, sur son côté Ouest, une fleur de lys. Elle marquait la ligne de partage entre l’évêché de St Pons de Thomières et la forêt royale de la « Cabarède ».
Les mémoires de PAUL CHABBERT né au hameau de Sales 
Souvenirs de ses 20 ans pendant la guerre de 1939-45 

Paul est né au hameau de Sales le 01 mars 1922. En 2004, à la demande de ses enfants, il a mis par écrit ses souvenirs de jeunesse et tout particulièrement ceux de la période de la guerre de 1939-45 qu’il a vécu à Sales avec ses parents, ses amis… 
Il évoque avec le regard de ses 20 ans, la vie à Sales pendant cette période, l’arrivée de la grande guerre, de l’armée allemande et de tout ce qui a bouleversé la vie de ce petit territoire campagnard situé sur le versant nord de la Montagne noire, aux confins extrêmes du Tarn, de l’Aude et de l’Hérault.  
Il évoque avec le recul des ans, l’histoire locale de la résistance aux allemands qui a profondément marqué ce petit territoire montagnard qui en garde encore les traces aujourd’hui.